La résilience, plus que jamais

Les deux dernières années nous ont tous obligés à remettre en question nos façons de faire. La pandémie, le réchauffement climatique, la pénurie de ressources matérielles et humaines, les problèmes dans l’un des plus gros ports de Chine, la guerre en Ukraine… Quand tout se dérègle, il faut se questionner. 

En 2018, j’ai démarré les journées de la permaculture, avec l’aide d’Isabelle Dion, pour faire connaître la permaculture en Abitibi et pour la rendre plus accessible. Parce que ce modèle, cette philosophie me semblait faire partie des solutions. Au cœur de la permaculture : la résilience. Dans tout le processus de réflexion d’un plan de permaculture, il y a la résilience, où chaque acteur du plan doit avoir plusieurs rôles, où chaque ressource doit pouvoir provenir de plus d’une source et où l’intrant d’un acteur doit idéalement être l’extrant d’un autre. Ceci permet d’obtenir un système qui se rapproche d’un écosystème, un système qui pourra faire face aux intempéries plus facilement, qui sera plus résilient face à l’adversité. 

Plus que jamais, la résilience des systèmes me semble impérative! Mais au Québec encore aujourd’hui, une trop grande partie de nos intrants sont dépendants de l’extérieur. Le système agroalimentaire s’est vu fragilisé avec la pandémie, avec la diminution des importations par camions. Pourtant, le Québec est généreux en terre arable et en eau. La ressource est là, mais le système n’y est pas. Le système agroalimentaire en place n’est pas résilient et n’encourage pas les systèmes résilients. C’est un problème auquel plusieurs tentent de s’attaquer, dont Dominic Lamontange et l’Union paysanne. Mais la progression est lente. 

Et pourtant, il y aurait tant à faire, localement, simplement, sans grands investissements. Mais les réglementations des divers paliers gouvernementaux ne le permettent pas. Plusieurs villes interdisent encore les poules pondeuses sur leur territoire et pourtant, une famille avec trois poules pondeuses pourrait produire les besoins en œufs pour elle et probablement pour une autre famille. Ces deux familles auraient un apport en protéines nutritives de cette façon, au lieu de dépendre des magasins. Une famille ayant quelques arbres fruitiers et un grand jardin pourrait fournir des fruits et des légumes pour quelques familles aux alentours, et ce, même en habitant en ville. Imaginez-vous revenir du travail et voir au petit kiosque de votre voisin quels bons légumes vous pourriez manger pour souper, cueillis le jour même. Malheureusement, la plupart des municipalités interdisent ce type de vente sur un terrain résidentiel. Ce genre de règlement nuit au développement de la production alimentaire urbaine, locale, de proximité, qui pourrait grandement augmenter la résilience des villes et des villages.

 

 

Cela étant dit, je n’embarquerai pas dans un grand discours sur la politique de nos gouvernements, mais il faut s’y intéresser puisque celle-ci fait partie des facteurs qui limitent la résilience de notre système. Je préfère en cette Journée internationale de la permaculture, mettre la lumière sur les belles initiatives en Abitibi-Témiscamingue. Mon objectif en 2018 était de faire connaître la permaculture aux gens de la région. Que ce soit par la Journée de la permaculture ou à travers toutes les autres ressources qui sont accessibles, on peut dire aujourd’hui « mission accomplie! » La permaculture est maintenant chose connue en Abitibi. Si certains en font la promotion par ce nom, d’autres en appliquent les concepts sans savoir qu’ils se réunissent sous la permaculture. Peu importe, l’important est de constater que de plus en plus d’initiatives personnelles et commerciales sont présentes en Abitibi-Témiscamingue, lesquelles permettent un développement de nos ressources dans le respect de l’écosystème, et ceci contribue à augmenter la résilience de notre région. J’ai vu, depuis 2018, plusieurs nouvelles entreprises maraîchères écologiques se développer, plusieurs initiatives de sensibilisation dans les écoles, plusieurs citoyens faire leur part à leur façon. Et ceci me réconforte grandement.

J’en ai profité pour demander à Bernard Lavallée, le nutritionniste urbain, qui était à la première Journée de la permaculture, s’il a lui aussi constaté des changements depuis 2018 :

 

 « Je pense que depuis quelques années, les gens s’intéressent de plus en plus à l’impact environnemental de leur alimentation et cherchent à faire des choix qui sont plus durables. Mais il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit pas que d’une responsabilité individuelle. Il faut que les gouvernements mettent en place des mesures pour faciliter les choix durables, sans que toute la pression tombe sur les épaules des citoyens. »

C’est donc sur une note très positive et fière de notre belle région que je termine cet article pour souligner la Journée internationale de la permaculture. Je suis enthousiaste pour la suite, les bases se sont mises en place. L’Abitibi-Témiscamingue n’est pas seulement un terreau fertile de ressources naturelles, mais aussi d’humains résilients qui ont à cœur notre belle planète. En espérant que les divers paliers gouvernementaux embarquent dans le train eux aussi!

Vous retrouverez en permanence sur le site web de CASH une liste de ressources sur la permaculture mise à jour occasionnellement. N’hésitez surtout pas à la consulter.

 

Bonne Journée Internationale de la Permaculture!