Avez-vous toujours eu la fibre écologique ou avez-vous fait un tournant en court de route?
Bonne question…il me semble que je l’ai toujours eu, mais notre mémoire arrange parfois nos souvenirs selon notre désir! En tout cas, je me rappelle qu’adolescente, mon père, voulant nous faire une blague, avait instauré une grille de notes dans la salle de bain en nous disant qu’on devait inscrire tous les carrés de papier de toilette utilisés et ne pas dépasser le nombre de 3 ou 4…je l’avais cru et j’avais même trouvé que c’était une bonne idée! Ma volonté de faire attention à nos ressources était déjà là, même si j’avais bien fait rire de moi! Par la suite, c’est ma participation au comité étudiant écolo du cégep à Amos, le MENÉ (Mouvement étudiant pour la nature et l’environnement) qui m’a ouvert les yeux réellement et m’a donné le goût de m’engager plus. Depuis, mon intérêt n’a fait que grandir!
Y a-t-il un lien entre votre travail actuel et votre philosophie de vie?
Oui! Étant mordue de permaculture, je ne peux pas concevoir le travail comme étant séparé du reste de ma vie. Toutes mes actions vont dans le même sens, elles ont un but réfléchi, soit celui d’agir de façon à utiliser intelligemment mes ressources (autant matérielles et financières que sociales et personnelles) afin de maximiser l’impact positif de chaque décision. En clair, j’essaye de tout optimiser. C’est dans cette optique que j’ai fondé mon entreprise. J’organisais déjà toutes sortes d’activités de sensibilisation avec mes proches pour partager mes découvertes passionnantes ; je me suis dit, aussi bien réunir toutes mes actions sous un même « nom » et ainsi avoir la chance d’en créer de plus grosses grâce aux possibilités permises par l’entrepreneuriat. De plus, ça me permet d’atteindre plus vite mes objectifs personnels, qui étaient d’en apprendre le plus possible sur le mode de vie écologique et de connaître les gens engagés dans mon milieu afin de créer un réseau de transmission du savoir et de projets collectifs. Eh bien, ça s’avère très efficace et ce n’est que le début!
Par rapport au mode de vie respectueux de l’environnement, quel changement a été le plus significatif pour vous? Ou le changement le plus difficile?
Le changement le plus important que j’ai fait a été de me pratiquer à voir le côté positif des choses, surtout les opportunités derrière les problèmes. Je n’y arrive pas toujours du premier coup et il faut souvent que je me le répète! Mais le fait de garder ça en tête finit toujours par m’aider. En permaculture, il y a un adage bien connu qui dit que « le problème est la solution ». En quoi est-ce que ça a rapport avec le mode de vie écologique, vous me direz? Eh bien, en tout!! Un exemple? Avant de fonder mon entreprise, je trouvais ma maison trop grande pour notre famille, nous utilisions très peu le deuxième étage et je n’avais pas le temps de faire le ménage partout. Je voulais vivre dans une plus petite maison, mais je n’avais pas le goût de déménager…J’ai alors décidé de « rapetisser » ma maison en utilisant davantage les pièces vacantes.
En recevant des participants à l’atelier, l’espace sert à beaucoup de monde! Et faire le ménage chez moi fait maintenant partie de mon travail! Mon problème de grandeur, au lieu de me faire perdre de l’énergie dans un déménagement, est devenu une ressource pour mon entreprise et ma vie. Quand on s’exerce à réfléchir de cette manière, on apprend à « penser en dehors de la boîte ». C’est grâce à ce mode de pensée un peu « décalé » qu’on peut découvrir les changements d’habitudes à faire les plus significatifs pour l’environnement. Parfois, ça semble très simple une fois qu’on le sait, c’est du domaine du gros bon sens. Mais il fallait y penser (ou s’en rappeler) ! Et ce ne sont pas les dominances de la société actuelle qui nous y font penser. Je n’insisterai jamais assez sur ça!
Quelle serait la principale recommandation que vous feriez à quelqu’un qui veut adopter un mode de vie respectueux de l’environnement?
La chose la plus importante à faire est d’apprendre à réduire nos besoins. La réduction à la source, c’est toujours le plus payant pour l’environnement (et pour notre portefeuille en prime!!). En gros, il s’agit de tendre vers l’essentiel. Si on se construit une maison neuve, l’acte le plus écologique qu’on puisse faire est de la concevoir la plus petite possible, et en plus, ça nous coûtera beaucoup moins cher pour la chauffer et l’entretenir chaque année. Si on veut adopter le mode de vie zéro déchet, Béa Johnson vous le dira, la première règle est de refuser tout ce que la société nous propose (ou impose!) qui n’est pas essentiel, car ça finit toujours par aller à la poubelle (en emportant notre argent). Achetez moins, usagé ou durable, et faites réparer. Inventez des façons de faire qui utilisent le moins de ressources possible!
Que faites-vous pour vous amuser lorsque vous n’êtes pas occupée à sauver la planète?
En fait, sauver la planète est probablement la chose qui m’amuse le plus! C’est pour ça que je le fais en tout premier lieu, et non pas par « devoir ». Mes loisirs sont très inspirés des pratiques écologiques. L’été, j’aime jardiner et visiter des fermes ou des jardins, encore mieux si je peux me déplacer à vélo, car ça aère l’esprit tout en étant carboneutre. L’hiver, j’aime lire et écouter des vidéos pour en apprendre plus. Je suis toute excitée quand un vendredi soir j’ai le temps de visionner un vidéo du certificat en design de bâtiments écologiques que je poursuis en ligne dans mes temps libres. J’adore amener mes enfants dans la nature pour leur apprendre à l’aimer et la respecter, et j’en profite pour l’observer afin de mieux la comprendre. Finalement, j’adore découvrir des recettes délicieuses et simples à base d’aliments frais, entiers, des végétaux en majorité, ce qui semblerait reconnu comme étant plus écoresponsable. C’est sérieux, je veille de mon mieux à ce que toutes mes actions soient bénéfiques, ou du moins non nuisibles, à l’environnement, y compris mes loisirs. C’est un mode de vie!